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Le football en Tunisie est-il à l’agonie ?

Le football en Tunisie est-il à l’agonie ?

Le football en Tunisie est-il à l’agonie ?

La coupe du monde du Qatar 2022 a tellement marqué les esprits qu’elle a été qualifiée de “meilleure édition de tous les temps” par plusieurs personnes du milieu. À travers cet évènement, le football a confirmé une fois encore son aptitude à renforcer la solidarité nationale et à faire naître la joie partout dans le monde. 

Malgré nos différences au football, cette édition a constitué un vecteur d’unité et une source de bonheur pour tous les Tunisiens. En revanche, elle nous a également ouvert les yeux sur le fossé existant entre la Tunisie et d’autres pays en matière d’installations, d’organisation et de niveau footballistique.

Souvenirs dorés d’un football d’antan

L’une des citations les plus reprises de Marx disait : “La religion est l’opium du peuple”. Dans le cas de la Tunisie, le football est l’opium de son peuple.

Le football tunisien était d’une singularité inouïe dans le monde arabe et en Afrique. Ses années d’or nous ont tous marqués et résonnent encore dans notre mémoire collective. De la popularité du football tunisien sont ainsi nés l’Espérance Sportive de Tunis, le Club Africain, l’Etoile Sportive du Sahel, le Club Sportif Sfaxien; autant d’emblèmes à l’échelle nationale qu’à l’échelle continentale.

Le stade d’El Menzah, dont la capacité d’accueil est d’environ 40 000 supporters, a été le témoin de beaux souvenirs du sport tunisien. Quant au stade olympique de Radès, il a vu le jour en 2001 à l’occasion des Jeux méditerranéens organisés en Tunisie. 

Ces enceintes mythiques, sans oublier le stade de Chedly Zouiten, ont marqué le football tunisien tout au long des années qui se sont écoulées. Leur entretien soigneux a contribué significativement à l’élan pris par la Tunisie. 

Le niveau du football était tellement élevé que la ligue tunisienne a connu l’arrivée de plusieurs joueurs étrangers aux qualités techniques insolites. Ainsi, la concurrence entre les équipes s’est intensifiée, ce qui a contribué activement aux exploits de la sélection nationale tunisienne.

Ce progrès a été couronné par une série de prouesses marquée par 4 participations à la coupe du monde, une victoire historique contre le Mexique (3-1) et une coupe d’Afrique remportée en 2004.

À cette époque-là, personne ne pensait que le football tunisien perdrait bientôt sa lueur et son éclat.

Une situation actuelle déplorable

Partant de la beauté de notre passé, on se heurte à l’amertume de notre présent. Depuis les évènements de 2011, tout a changé. Le football est désormais souillé par la corruption, l’incompétence et l’irresponsabilité.

De nos jours, on assiste de plus en plus à des affrontements récurrents sur le terrain entre joueurs ainsi qu’entre responsables des clubs. De ce fait, la violence est devenue un constituant indispensable des journées de la ligue “professionnelle” tunisienne.

Aussi, les installations sportives délabrées ne cessent de susciter les inquiétudes. Prenons l’exemple du stade olympique d’El Menzah dont l’enceinte est sujette à des transformations depuis 2016 et qui est actuellement en phase de reconstruction lente.

Quant au stade olympique de Radès, il rouvrira ses portes le 12 janvier 2023 après sa fermeture pour maintenance. Alors qu’elle est renouvelée chaque été dans les stades d’Europe, la pelouse délabrée de Radès a finalement été remplacée plus de vingt ans après l’inauguration du stade.

De plus, le règlement “obsolète” de la FTF constitue une autre embûche à la prospérité du football tunisien. Il est urgent d’en réformer les lois. En effet, ces dernières n’ont jamais été mises à jour et ne répondent donc pas aux exigences du football moderne.

Actuellement, les équipes sportives n’ont pas droit ni à leurs propres terrains ni à leurs propres chaînes de télévision. Elles ont par ailleurs été fortement impactées par la pandémie de la COVID-19. Ceci est notamment dû à la dépendance quasi totale envers la billetterie et le sponsoring comme sources principales de revenus.

De surcroît, la Tunisie souffre en ce moment de l’absence de transmission des matchs à la télévision à cause de litiges entre la fédération et la télévision tunisienne à propos des droits de diffusion.

Un football entre incompétence et irresponsabilité

Décadence, dégradation, agonie… Si la situation du sport en Tunisie est considérée comme désastreuse, c’est surtout à cause d’une incompétence et d’une irresponsabilité croissantes.

Accusé d’avoir ajusté la loi électorale à sa guise pour être ensuite réélu pour 3 mandats consécutifs, les tensions et les accusations se resserrent autour de Wadii Jary et de son bureau. C’est sous sa houlette qu’on témoignait fréquemment de controverses ayant fait couler beaucoup d’encre. Récemment, lors de l’annonce de la liste finale des joueurs retenus pour la coupe du monde, les déclarations du sélectionneur ainsi que d’anciens joueurs ont suscité beaucoup de commentaires. En effet, le président de la FTF était au centre d’un ouragan de critiques, accusé ainsi de surcontrôle, de favoritisme et d’ingérence dans les choix du sélectionneur national.

Tout ceci a conduit à l’élévation de plusieurs voix ces derniers jours réclamant la démission de Wadii Jary à travers des graffitis tagués sur les murs de plusieurs villes.

Par ailleurs, les syndicats des forces armées sont également pointés du doigt et apparaissent comme l’un des principaux acteurs de ce chaos. Tout au long des dernières saisons, ils ont en effet refusé à plusieurs reprises de sécuriser les rencontres sportives ayant lieu le soir. Par conséquent, la fédération a jugé bon d’organiser des rencontres à midi en plein Ramadan, sans prendre en compte la santé des joueurs.

Toutefois, c’est la normalisation de tels abus qui génère le plus de craintes. Ces pratiques nous paraissent désormais habituelles en raison de leur récurrence depuis 2011.

Or, si l’on souhaite revivre nos moments de gloire passés, il est urgent d’instaurer des réformes.

L’impossible n’est pas tunisien !

En fin de compte, le Mondial du Qatar nous aura appris à croire du fond du cœur en nos capacités et à nous impliquer afin de réaliser nos rêves. Le message de la part de nos gladiateurs lors de la victoire historique contre la France était clair : l’impossible n’est pas tunisien.

Il est vrai que la Tunisie a eu malgré tout quelques lueurs d’espoir durant ces 10 dernières années, à l’image des prouesses des équipes tunisiennes à l’échelle continentale.

Il est temps de “réanimer” le football tunisien et de prendre des mesures concrètes.

Ces mesures doivent tout d’abord concerner toute personne corrompue ou ayant violé la loi. Aussi, la promulgation de nouvelles lois apparaît à notre époque comme une nécessité absolue. Il est temps de donner plus de liberté aux équipes de football, notamment sur le plan économique. Une telle décision pourrait notamment nous permettre d’éviter des pertes similaires à celles connues lors de la pandémie.

Les infrastructures, à leur tour, doivent figurer en haut de la liste de nos priorités en rendant les entretiens annuels de pelouse systématiques.

À une étape plus avancée, on pourra même considérer la conclusion de multiples accords de sponsoring avec des entreprises de renom. De tels partenariats auront pour but de permettre la construction de nouvelles installations sportives dans les régions intérieures.

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Ashref Dkhili

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